Dernière mise à jour : 7/6/2018
Reims 1900-2000
Un siècle d'événements
Daniel Pellus

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1926 : le circuit de Reims-Gueux, «le plus grand du monde et le plus rapide»
par
Daniel Pellus
Reims n’a pas été seulement, au début du siècle, le berceau de
l’aviation. Elle a été aussi, un peu plus tard, la capitale mondiale du
sport automobile, avec un circuit que Maurice Trintignant a décrit
lui-même comme «le plus grand circuit du monde et le plus rapide» : le
circuit de Reims-Gueux.
L’aventure a commencé au lendemain de la guerre de
1914-1918, lorsque plusieurs clubs organisaient déjà des courses pour
«engins mécaniques», ces curieux engins que l’on appelait aussi
automobiles. A Reims, il y a quelques mordus, comme Raymond Roche,
personnage pittoresque et truculent, plus connu sous le nom de Toto
Roche. Ils organisent une première course en 1925 sur un circuit tracé
autour de Beine.
Mais c’est en 1926 qu’un circuit plus performant est
réalisé autour du village de Gueux. Il fait huit kilomètres et présente
trois virages : Gueux (dans le village), la Garenne et Thillois. On y
édifie des tribunes, des stands de ravitaillement et des enceintes de
pesage. C’est là que se déroule le deuxième Grand Prix de la Marne.
Lescot, sur Bugatti-Michelin, en est le vainqueur avec une moyenne de
114 km/h.
L’année suivante, le circuit, qui a déjà la
réputation d’être le plus rapide du monde, attire deux grandes
vedettes de l’automobile : Étancelin et Chiron. Et pendant quatre
décennies tous les Grands du sport automobile vont se succéder à Reims
: Wimille, Sommer, Ascari, Moss, Fangio, Hawthorn, Trintignant,
Brabham, Mac Laren, Beltoise, etc., qui vont participer aux Grands Prix
de la Marne, puis aux Grands Prix de l’Automobile-Club de France et aux
fameuses Douze Heures de Reims. Les moyennes vont s’améliorer au fil
des années pour passer des 114 km/h de Lescot en 1926 aux 219 km/h
réalisés en 1969 par Cevert lors des Trophées de France F2.
Entre-temps, le circuit sera modifié en évitant le
village de Gueux (au soulagement des habitants). De nouvelles tribunes,
des restaurants, des pavillons (de chronométrage, de speakers, de
presse...), des promenoirs, des gradins au virage de Thillois, l’un des
plus spectaculaires du circuit, sont construits et un immense parc
aménagé pour recevoir 15000 voitures.
Chaque année, au mois de juillet, le circuit attire
des dizaines de milliers de spectateurs venus de toute la France et du
monde entier. Dans la tribune de presse, les commentaires des
journalistes de la radio vont bon train, à chaque passage vrombissant
sur la ligne droite. Les plus bruyants et les plus enthousiastes dans
leurs commentaires sont les journalistes argentins, lorsque leur
champion du monde Fangio participe à la course. Et, chaque «soir de
circuit», Reims connaît, notamment sur la place d’Erlon, une ambiance
extraordinaire.
Et puis, en 1969, pour des raisons de «non mise en
conformité aux règles de sécurité», les courses sont supprimées. Le
circuit cesse toute activité... Beaucoup souhaiteront sa renaissance.
Mais la mise aux normes pose de tels problèmes, et suppose un
investissement financier si important que le projet est vite abandonné.
Il y aura bien, de 1970 à 1972, quelques courses de
motos organisées sur le circuit. Mais depuis,
selon l’expression d’un chroniqueur de cette aventure commencée en
1925, «un silence glacial plane sur le circuit de Reims». L’heure
est au souvenir. «Le circuit de Gueux, écrit un journaliste en 1983,
seize ans après que le dernier moteur se fût tu sur les dernières
«Douze Heures de Reims», est devenu un pathétique et pitoyable
squelette de béton et de ferrailles rouillées, envahi par la
végétation...»
Extrait
de Reims
1900-2000 - Un siècle d'événements de Daniel Pellus. © Éditions
Fradet, 2001. Tous droits réservés.
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L'histoire de Reims

1927. Le circuit de Reims-Gueux.
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